À Distorsion, on adore Glenn Danzig, c’est pas un secret. For fuck’s sake, dans Distorsion X on a même rapidement parlé de Grub Girl, véritable film d’horreur porno, tiré des aventures de l’héroïne du même nom éditées par Verotik, sa propre boite de comics, tandis que dans Distorsion Shock, Henry Rollins s’exprime à son propos, et la bd « Henry & Glenn » (représentant les deux icônes en couple gay) est mise à l’honneur sur quatre pages ! C’est dire si on couvre l’histoire de l’interprète de « Mother ». Et il le mérite : le Glennou est l’un des gars les plus créatifs, charismatiques et intéressants du rock des trente dernières années.
Le voilà qui sort un disque de reprises sur lequel il bossait depuis un moment, une vraie arlésienne depuis quelques années. Bon, on a pu lire ici et là que la pochette craignait, mais non. Elle serait même couillue, en fait… Tiens, elle est ici :
Les couleurs sont belles, et le Glenn ose poser torse nu à 60 ans. Rien que pour ça, c’est respect, Glennou.
Et le skeud, que vaut il ?
Malheureusement.. Hmm… Comment dire.. Disons qu’il est oubliable. Oui. Une collection de 10 reprises qui auraient fait plaisir en bonus, dans un coin, mais qui ne méritaient pas de sortir en album, en tout cas pas comme ça. Car ces titres, bordel, sonnent mal… Enregistrés à la va-vite (paradoxe, puisque l’enregistrement s’est étalé sur plusieurs années), ils donnent parfois l’impression que le Glenn chante dans sa salle de bains (Arrrgh, cette voix sur le « Satan », tiré du film Satan’s Sadists de Al Adamson, 1969)… Et peut-être que c’est vrai, après tout ? Et pourquoi pas ? Qu’est-ce qui empêcherait Glenn de chanter dans sa salle de bain ? Tu chantes pas dans ta salle de bain, toi ? Bien sûr que si. Mais.
S’il a un peu perdu de sa voix légendaire au fur et à mesure des années, Glenn a encore un putain de coffre. Ceux qui étaient au concert du Hellfest en 2013 s’en souviennent : le musculeux avait mis la foule en feu (et accessoirement donné une seule interview lors de son passage : à nous ! À l’époque, nous faisions le magazine Metaluna). Sauf qu’ici, et même s’il transforme l’atmosphère de certains morceaux pour les adapter à son monde, Danzig ne chante pas très bien. Un fuckin’ comble. Sur sa reprise du « Lord of the thighs » d’Aerosmith, par exemple, c’est dur. Sur son étrange reprise du « Rough boy » de ZZ Top, il pousse bien trop sa voix. Alors qu’il sait doser sur ses albums solo (le dernier est très bon), il exagère ici. Comme s’il voulait prouver qu’il pouvait encore, Danzig en fait trop, et la production, vraiment moche, achève de faire de certains de ces morceaux un mini-calvaire. Certes, il y a des titres qui sonnent bien sur Skeletons, comme la reprise du « N.I.B. » de Black Sabbath, ou le titre d’ouverture, le très Misfits « Devil’s Angels », tiré du film du même nom produit par Roger Corman (et dans lequel joue un jeune John Cassavetes !), mais l’ensemble n’est pas cool. Sonne bâclé. Il y a quelques années, Tommy Victor, guitariste/chanteur de Prong, et gratteux pour Danzig depuis quelques temps maintenant, disait sans vergogne que le Glenn produisait ses albums lui-même pour faire des économies en studio, et que du coup ils sonnaient mal. Disons, pour comparaison, que n’importe quel album studio de Danzig sonne mieux que ce Skeletons…
Reste cette jaquette étrange, un choix des chansons finalement assez inattendues (Aerosmith et ZZ Top donc), ou obscures et bienvenues (les extraits de b.o.), et quelques moments plaisants. Mais dans l’ensemble, Skeletons restera plus proche d’une curiosité que d’autre chose.. On préfèrera, dans le registre étrangetés du père Glenn, ses deux excellents albums instrumentaux et semi-expérimentaux, Black Aria et Black Aria II.
En 2016 sortira son nouvel album solo, et voilà qui nous provoque déjà une bien plus imposante érection (même aux filles) que ce décevant Skeletons, qu’on aurait voulu aimer avec tout l’amour qu’on a dans le coeur qui aime. Mais non !
Jean-Claude Disto